samedi 30 janvier 2016

Le mystère de l’univers

Pour la tradition judéo-chrétienne, parler de « création », c’est signifier « un rapport avec un projet de l’amour de Dieu dans lequel chaque créature a une valeur et une signification », affirme le pape François (76). « La création peut seulement être comprise comme un don qui surgit de la main ouverte du Père de tous, comme une réalité illuminée par l’amour qui nous appelle à une communion universelle. »
 
« Le monde est issu d’une décision, non du chaos ou du hasard, ce qui le rehausse encore plus. Dans la parole créatrice il y a un choix libre exprimé. L’univers n’a pas surgi comme le résultat d’une toute puissance arbitraire, d’une démonstration de force ni d’un désir d’auto-affirmation. La création est de l’ordre de l’amour. […] Par conséquent, chaque créature est l’objet de la tendresse du Père, qui lui donne une place dans le monde. Même la vie éphémère de l’être le plus insignifiant est l’objet de son amour, et, en ces peu de secondes de son existence, il l’entoure de son affection. » (77) Par de telles pensées, tirées de la Parole de Dieu, notre pape est vraiment un digne fils de l’Évangile à la lumière de la vie de son patron saint François.
 
Le pape tire de ces convictions de foi une forte interpellation. Il formule notre défi humain et chrétien : « Si nous reconnaissons la valeur et la fragilité de la nature, et en même temps les capacités que le Créateur nous a octroyées, cela nous permet d’en finir aujourd’hui avec le mythe moderne du progrès matériel sans limite. Un monde fragile, avec un être humain à qui Dieu en confie le soin, interpelle notre intelligence pour reconnaître comment nous devrions orienter, cultiver et limiter notre pouvoir. » (79)
 
« Quand on propose une vision de la nature uniquement comme objet de profit et d’intérêt, cela a aussi de sérieuses conséquences sur la société. La vision qui consolide l’arbitraire du plus fort a favorisé d’immenses inégalités, injustices et violences pour la plus grande partie de l’humanité, parce que les ressources finissent par appartenir au premier qui arrive ou qui a plus de pouvoir : le gagnant emporte tout. L’idéal d’harmonie, de justice, de fraternité et de paix que propose Jésus est aux antipodes d’un pareil modèle. » (82)
 
Est-ce que je vois l’ensemble de la création comme une collection d’objets à manipuler ou bien comme l’œuvre d’un amour divin plein de tendresse, de beauté et de générosité?
 
(23e texte d'une série sur l'encyclique du pape François)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau