vendredi 5 décembre 2014

Voir l’invisible

L’usage de tabernacles ou de contenants d’autres formes pour garder des hosties consacrées remonte aux débuts de l’ère chrétienne. Nos ancêtres ont peu à peu saisi le besoin de cette présence, certes cachée, mais bien active de Jésus au milieu d’eux. Car Jésus a voulu rester toujours disponible dans le sacrement pour les malades en danger de mort, afin qu’Il soit leur viatique lors du grand passage vers la vie éternelle. Mais il s’offre aussi à l’adoration, à la louange, à l’intercession, en somme à un cœur à cœur toujours mystérieux et vivifiant.
 
Le pouvoir de l’image et du symbole
Mais revenons à notre questionnement : « Que perçoivent donc là celles et ceux qui se tiennent, parfois même longuement et en silence devant un tabernacle, et que plusieurs d’entre nous ne trouvent pas? »
 
Pour deviner un peu cette expérience, prenons une comparaison. Que ressent-on parfois en sortant d’une exposition d’œuvres d’art? L’émerveillement devant ces images pacifie notre cœur. Nous avons le goût de nous recueillir et de laisser pénétrer en nous la beauté étalée sous nos yeux. Nous devinons caché dans cette matière, devenue subtile et presque translucide, le secret invisible de notre vie, de nos désirs, de nos attentes, de nos aspirations.
 
Et dans quel langage dire ces sentiments? Le langage scientifique ne suffit pas ici. Pour évoquer l’invisible, les grandes traditions religieuses ou poétiques se servent du langage symbolique qui relie en une seule gerbe un grand nombre de sens possibles, connexes et qui ouvrent un très large horizon de significations à l’intuition, à la pensée et à la méditation.
 
La tradition artistique chrétienne a une longue histoire de l’usage des images et des symboles pour tracer les chemins du visible à l’invisible. Le tabernacle est un de ces sentiers. Arrêtons-nous à certains des symboles, souvent gravés sur les portes des tabernacles ou reproduits dans leur environnement immédiat, qui en une seule image évoquent toute une histoire divine en relation avec le Christ, Dieu rendu visible à nos yeux.
(4e texte d’une série sur les tabernacles)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau