lundi 2 septembre 2013

L’alliance : notion générale

En 2013, le diocèse de Gatineau célèbre ses cinquante ans d’existence. Il a été érigé le 27 avril 1963. Son premier évêque fut Mgr Paul-Émile Charbonneau.  L’évêque actuel, Mgr Paul-AndréDurocher, a choisi comme thème de ces célébrations : « L’Église de Gatineau, un espace d’Alliance hier, aujourd’hui et demain ».
 
C’est là une invitation à réfléchir à la notion d’alliance dans les cultures de l’époque biblique. Car avant de devenir un concept-clé de toute la Bible, l’alliance était une façon de faire sociale, juridique et politique vécue par les peuples sémites.
 
Par une alliance, deux peuples, deux personnes se liaient entre eux par un pacte, un traité qui décrivait les droits et devoirs de chaque partenaire. Basé sur un serment devant la divinité, ce pacte obligeait les deux parties, que le pacte se fasse en toute liberté entre les parties ou bien qu’une partie plus puissante l’impose à l’autre. 
 
Il existait une grande diversité d’alliances, selon les circonstances vitales couvertes par ce serment. Dans les meilleures circonstances, on parlait d’alliance de paix entre frères, d’alliance d’amitié. Les mariages étaient aussi vus comme des alliances entre deux clans, deux familles, deux individus. Dans les situations de danger pour un groupe, on parlait d’alliance de vassalité. Alors, l’inférieur sollicitait l’alliance et le puissant l’accordait ou non selon son bon vouloir; et alors il dictait ses exigences et conditions, souvent fort onéreuses et humiliantes. 
 
Dans toutes les espèces d'alliances, ce qui est visé c’est une relation marquée par une fidélité et une loyauté absolues de part et d’autre. Aussi les alliances étaient vues comme inviolables et de durée illimitée. On parlait d’alliances éternelles. 
 
Ces conclusions d’alliance comportaient divers rites, selon les époques et les cultures. La Bible nous en donne plusieurs exemples. Parfois, une simple poignée de main suffisait. D’autres fois, un repas en commun concluait la démarche. Ou bien, il s'agissait d'une dégustation commune de sel, cet aliment étant reconnu pour réserver de la corruption. Puis pour garder la mémoire de ces engagements, on plantait un arbre ou bien on érigeait une pierre pour rappeler l’alliance de génération en génération. 
 
C’est sur cette expérience culturelle fondamentale que la culture biblique représente les rapports entre Dieu et le peuple. Cette notion, déjà si riche dans ses composantes sociales, va encore s’enrichir et se diversifier tout au long de l'histoire sainte racontée par la Bible.
(1er texte d'une série sur l'Alliance)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau