vendredi 18 novembre 2011

7 milliards d’humains sur notre planète

L’Organisation des Nations-Unies, dans un estimé approximatif et plutôt symbolique, a affirmé que cet événement s’est produit le 31 octobre 2011. Cette déclaration de l’organisme international bouscule beaucoup de personnes, les provoque à réfléchir d’une façon neuve sur notre présent et notre avenir comme espèce sur cette petite terre qui semble se rétrécir de plus en plus. À preuve, un simple clic dans Google sur ce chiffre de 7 milliards nous renvoie à 77 800 000 hyperliens.

Et la réflexion semble bien aller dans tous les sens. Certains insistent sur les grands maux qui nous accablent : faim, eau, densité insupportable, envahissement de territoires et défoncement des frontières, environnement détruit et encore. Est-ce le début de l’Apocalypse? Allons-nous tous mourir de soif et de faim? Allons-nous vivre des luttes mortelles, des invasions brutales qui vont mélanger les populations et détruire certaines ? D’autres pensent différemment la situation. La science et la technologie sont capables  de continuer à améliorer l’agriculture et la santé. Et puis les humains sentent de plus en plus la nécessité de la mondialisation de la solidarité, non seulement entre humains mais aussi avec toutes les espèces vivantes et l’environnement. Ce nouveau seuil de la densité humaine sur la planète est-il une menace ou un défi? Toutes les hypothèses s’entrechoquent dans les médias, sociaux ou autres, de notre planète, sans oublier les conversations autour des tables de cuisine.

Sommes-nous vraiment trop nombreux pour ce que notre planète peut supporter? Faut-il encore limiter plus strictement les naissances? Pourtant des pays comme la Chine, le Brésil, sans parler du nôtre et de l’Europe, vivent un drame réel : celui du manque de jeunes. La population active devient trop petite pour subvenir aux besoins de plus en plus énormes de populations très vieillissantes.

Et que penser de l’accès à l’eau? Déjà ce souci est la cause de graves conflits régionaux. Même dans un pays aussi riche en eau que le Canada, des régions sont touchées par ce problème. On produit des rapports proposant diverses mesures pour en limiter l’utilisation, surtout industrielle. Ailleurs, comme en Israël, on développe des usines pour dessaler l’eau de mer.

Et que dire de l’accès à la nourriture? Nous voyons chaque jour sur nos écrans les drames vécus par des populations entières mourant dans des famines qui détruisent les liens humains et provoquent de multiples violences et déplacements massifs de populations. Et pourtant nous contrôlons les productions, même jetons des récoltes, pour ne pas faire baisser les prix ! Et puis nous gaspillons avec un sans étonnant. Il suffit de penser à ce qui reste dans nos assiettes après un gargantuesque repas.

Et on pourrait continuer ce tour de nos questionnements en regardant la situation globale de notre environnement et les tendances qui s'y dessinent. Nous entendons souvent qu’une ou de multiples espèces sont disparues ou en voie de disparition. Quotidiennement, les  personnes sensibles à la pollution, dont beaucoup de jeunes, nous rapellent que des drames se jouent entre notre espèce et toutes les autres espèces qui vivent avec nous sur cette planète. Nous sommes de terribles prédateurs!

Y a-t-il quelques solutions? Beaucoup sont suggérées. Certaines se mettent en place. Aucune ne sera facile. Mais je pense que ça doit aller dans le sens d’un respect profond de chaque personne humaine, d’un partage plus juste des ressources et des richesses limitées de la planète. Je pense à la surconsommation d’une petite minorité, au pillage de toutes les ressources au profit des actionnaires déjà millionnaires, aux refoulements des pauvres, des réfugiés et des immigrants. Les « indignés » mettent sur la place publique le scandale du capitalisme sauvage. Ce sont là de terribles défis. Notre avenir est dans une conversion vers un sens renouvelé de nos responsabilités sociales, éthiques, humaines face à notre humanité, nos congénères vivants et l’ensemble de notre planète.

En somme, il ne s’agit pas de prendre panique ni de rêver des utopies. Mieux vaut, je pense, réfléchir sérieusement sur les possibilités de transformations qui assureront à notre humanité solidaire un avenir sur une planète qui n’est pas remplaçable, dont nous devons avoir un soin jaloux ensemble. Il s’agit de découvrir par nos pensées, et traduire dans nos gestes et nos politiques, cette solidarité totale. C’est bien le chemin que Dieu nous trace déjà au tout début du livre de la Genèse quand il confie aux humains la gérance de sa création vue comme un magnifique jardin. C’est notre mission. Et elle est sûrement possible, dans le respect de tous les humains, dans une fraternité renouvelée, telle que Dieu la veut en nous confiant cette planète si belle et toute bleue vue du haut d’un satellite, si riche dans sa diversité inouïe de formes de vie, si généreuse dans sa fécondité sans cesse jaillissante. Divers organismes nous stimulent dans ce sens. Je pense ici à Développement et Paix. Sa campagne d’éducation de l’automne porte pour titre : « Solidaires, l’avenir est entre nos mains », et encore : « Aidez à refroidir la terre ».

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau